"LES PARTITIONS DE L'INCONSCIENT"
L'’écriture atonale est à la musique ce que l'’abstraction lyrique est à la peinture : une échappée hors des formes classiques ; une excursion hors du royaume de la conscience. En jouant des couleurs comme d'’autres jouent avec les forces de la nature pour en extraire des métaphores, Jean-Philippe Estebenet entraîne la peinture dans une danse extatique et folle où le fond, naguère support de la forme, reprend le dessus et clame son droit à devenir le sujet d'’une figure informe, sans contours fixes, et sans essence.
Mais dans ce monde mouvant, flottant et sans attache, la notion d'’ordre n’est pas pour autant absente. Des flux qui s’'entrechoquent, elle émerge et impose sa présence comme si, des éléments en apparences épars qui recouvrent la toile, ne pouvait germer qu'’une seule organisation absolument consistante – qu’une seule chaosmose. A l'’instar des maelströms et des cyclones, les peintures de Jean-Philippe Estebenet possèdent toutes un centre de gravité autour duquel gravitent les débris de leur coalescence.
Et si, à l'’instar des dernières recherches en physique quantique, les peintures de cet artiste nous donnaient à voir ce qui sous-tend le monde visible : non pas le monde stable des atomes, mais les vrilles et les tourbillons de matières subtiles qui composent le soubassement de tout phénomène en devenir ou sur le point de se rompre.
Frédéric-Charles Baitinger
"THE SCORES OF THE INCONSCIOUS"
Atonality is to music what lyrical abstraction is to painting : a breakaway from the classical form, a stroll away from the realms of consciousness. Playing with colours as others play with the forces of nature to elaborate metaphores, Jean-Philippe Estebenet takes along the art of painting into an extatic and crazy dance where the content, which once was the physical medium to express form, now takes over and cries out its right to become the subject of any shapeless figure - without fixed contours, or essence.
But, in this moving, floating world without links, the notion of order prevails. It springs out from the knocking ebbs and imposes itself as if, from the elements on the canvas which at first look appear separate, could sprout one absolutely consistent organisation - only one chasmose. As in the case of maelströms and cyclones, all Jean-Philippe Estebenet’s paintings have a gravity center around which the debris of coalescence rotate.
Still, as in the example of the latest research in quantic physics, this artist unveils through his work a universe beyond the visible world : not so to speak the stable world of atomes, but the spirals and the swirls of subtil matters which are the basis of any phenomenom about to take shape or else ready to break.
Frédéric-Charles Baitinger